Les congolais ont la mémoire courte

Article : Les congolais ont la mémoire courte
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30 juin 2023

Les congolais ont la mémoire courte

C’est avec un sentiment mêlant joie et regret que la RDC souffle sur son 63 ème bougie ce 30 juin 2023. Mais, à tout scruter de près on se rend tout de suite compte que : les congolais ont la mémoire courte. La commémoration de l’indépendance ne devrait pas se limiter à la musique accompagnée des boissons alcoolisées. Ça devrait, par voie de logique, être une journée de remise en cause. Pour réfléchir sur d’où l’on vient, où nous en sommes et qu’est-ce qu’il conviendrait de faire afin d’espérer que les choses s’améliorent. Tout le contraire se résume à cracher sur le sacrifice de nos aïeux qui s’étaient donnés corps et âme pour que nous ayons ce semblant de liberté.

C’est resté ancré dans les annales de l’histoire

Un petit regard lancé dans le rétroviseur du passé prouve à outrance que la colonisation est une histoire triste à raconter. Mais qu’on ne saurait changer puisqu’on ne peut pas remonter le temps. Le mal est fait. Les séquelles qu’elle a engendrées traversent les époques et créent des débats sans issues. Ces palabres n’apportent aucune solution concrète.

CONGO VIE – « De la Colonisation à l’Indépendance »

Ce qui conduit à se poser la question de savoir s’il ne serait pas grand temps de changer de paradigme ? Surtout pour le Congo et dans la foulée les autres pays africains. Se sortir du paradigme d’un peuple qui ne fait que se plaindre à tout moment. En adoptant un tout autre paradigme : celui d’un peuple qui accepte le poids de son lourd passé. Se guérit par la résilience. Réfléchit sur un modèle de développement qui lui correspond et lui convient. Et par après, fait tout ce qui est humainement possible afin de se frayer un chemin en se faisant une place de choix dans le monde.

Le respect ne se demande pas : il s’impose.

Des propos historiques

Le discours historique de Patrice LUMUMBA prononcé lors de la cérémonie de l’Indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960 a marqué les esprits et a résisté à toutes les tempêtes. À tel point qu’on l’entend encore à ce jour sur toutes les lèvres. Des propos foudroyants et qui ne laissent personne indifférent. Même les enfants qui apprennent à peine à parler maîtrisent certaines de ses phrases par cœur. À juste titre : c’est sont des mots qui parlent à l’âme et invitent chaque homme doté de raison à une prise de conscience.

Discours intégral de P. LUMUMBA

En voici quelques extraits :

« A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté (…) une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang (…) une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force (…) Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini (…) ».

Pour rappel, il fut lâchement assassiné une année plus tard ( en 1961 ) soupçonné de flirter avec l’union soviétique. Un crime jusque là impuni et qui a scellé le destin de toute une nation.

63 ans après pour quel bilan ?

Un pays qui possède d’immenses richesses minières mais qui n’a pas encore pu renaître de ses cendres. Se reconstruire plus de six décennies après son indépendance. Cela constitue une preuve notoire d’un manque de leadership et d’idées innovantes. Tout porte à croire que depuis l’autre monde nos ancêtres regardent ce grand Congo et le regret les accablent. Parce que nous sommes encore loin d’être à la hauteur de leurs attentes. Les congolais, malgré toutes les contraintes, ne se sont pas encore mis ensemble. Pour faire émerger des Idées-Forces qui permettraient, un tant soit peu, à la RDC de jouer dans le concert de grandes nations. Sur le plan politique, social et culturel : « en regardant l’état de la RDC il n’y a pas de quoi se réjouir », estime Alain FOKA.

60 ans d’indépendance de la RD Congo : quel bilan politique, social et culturel ?

Soyez congolais et non pas con-au-lait

Des photos des congolaises et congolais entrain de s’arroser par des boissons alcoolisées pullulent sur les réseaux sociaux. Il y a lieu de se demander s’ils ont conscience de la responsabilité dont ils devraient faire preuve. Est-ce le moment ? Chaque chose devrait avoir son temps. Ils préfèrent s’éclater en lieu et place de faire un effort de réflexion afin de réfléchir sur des voies qui sortiraient ce pays de son gouffre. Et pendant ce temps l’Est du pays est toujours sous l’emprise du M23 qui continue de semer terreur et désolation. Mais, le con-au-lait est mieux pour incarner le fameux adage d’un célèbre penseur :

L’enfer c’est les autres.

Jean-Paul Sartre

La plupart se demandent sûrement pourquoi est-ce que j’écris con-au-lait au lieu de congolais. Laisse-moi attiser votre curiosité. Con-au-lait est un terme qui se fait la côte à travers le pays. Utilisé pour se moquer en douce de ces congolais qui pensent à peine au sort du pays. Ils se contentent de s’ambiancer sur de la bonne musique, les femmes et les boissons alcoolisées tout en développant la culture de la mengeocratie (un autre terme populaire).

S’assumer ou se plaindre ?

Sans aucun effort de réflexion, la question est vite répondue : s’assumer. Pourquoi ? On a perdu un temps fou en s’apitoyant sur notre sort et cela n’a rien apporté de concret. C’est le moment de s’assumer et comprendre qu’en ce siècle la vraie lutte est d’abord spirituelle et ensuite économique. Les chinois en sont la preuve. Ils ont subit l’occupation japonaise mais qui avait entendu les chinois se plaindre matin, midi et soir ? Pas à ma connaissance. Ils ont compris le vrai sens de la lutte et se sont lancés à fond. On a qu’à observer où ils en sont à l’heure où l’Afrique continue à exposer son passé sombre comme excuse.

Sur la question de savoir à qui la faute ? Comme tout le monde le sait : d’une part, il y a la faute de la Belgique qui a laissé un État meurtri et construit sur des fondations fragiles. Et d’autres part, il y a l’irresponsabilité des dirigeants congolais. Il s’observe un manque notoire de leadership. La RDC devrait mettre un terme à son attente de réparation. Ses vaines tentatives à vouloir faire un procès au passé faute de cette période douloureuse. Mais plutôt s’activer afin de reprendre tout ce qui lui revient de droit ici et maintenant. Le Congo est le cœur de l’Afrique et se doit d’être un phare de lumière pour le reste du continent.

« Le Congo est grand et exige de nous de la grandeur ».

Patrice LUMUMBA

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