Yenga Fazili wã Biregeya

Bolton Art, ou comment sublimer les animaux par la magie du crayon

Après s’être longtemps figé dans l’ombre de son art, c’est en 2020, au cours de la pandémie du Covid-19 qui secoua le monde que Bolton Art, jeune artiste résidant à Goma, dans l’est de la RD Congo, a eu l’ingénieuse idée de se concentrer sur sa passion d’enfance : devenir artiste crayonneur. Plongeons dans son univers.

C’est, non sans être surpris par son propre talent artistique occulté depuis son enfance que Bolton Art, de son vrai nom Mumbere Maombi découvrit tout d’un coup son plein potentiel. Après ce déclic, il se retrouva, mine de rien, plongé à fond dans l’univers artistique. Loin des mondes idylliques hérités de bon nombre d’artistes qu’a connu l’histoire de l’humanité dans un domaine aussi prisé qu’est l’art, cet artiste atypique s’est, bon gré mal gré, frayé un autre chemin menant sur la voie du réalisme.

Tableau reflétant une complicité entre les hommes et un éléphant. ©️ Tableau de Bolton Art avec son accord.

Depuis ses dix ans, il s’évertue à dessiner pour s’ouvrir au monde et transmettre des messages à travers ses œuvres. Mais cela n’aboutissait à grand-chose, vu qu’il n’arrivait pas à concilier ses études à sa passion. Ainsi donc, c’est au bout de ses études universitaires qu’il s’est dit : « C’est peut-être le moment de m’y mettre ! »


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À 27 ans et aîné d’une fratrie de 5 enfants dont 3 garçons et 2 filles, Bolton est devenu un crayonneur de talent. Ses tableaux parlent à sa place. Des chefs-d’œuvre illustrant le reflet d’un monde réel qui jette une lumière rasante sur la splendeur de ses créatures animales souvent oubliées par tous – ou presque. En noir et blanc, car dessinés uniquement au crayon, ses tableaux captivent pourtant les regards par un côté mystérieux qui leur octroie un air plus vivant comme s’ils étaient peints avec toutes les couleurs rayonnantes d’arc-en-ciel.

L’expression par voie d’images muettes

Dans un monde d’images muettes, les tableaux d’art restent souvent entourés des mystères qui défient l’imagination. Par contre, Bolton Art sait explorer pleinement les méandres de sa créativité. Sa discipline et sa détermination inébranlables traduisent le langage de son expression artistique. Il croit qu’il ne faut jamais abandonner, qu’il faut se lancer à la poursuite de ses rêves à tout prix. Mais sans pour autant trahir ses convictions les plus profondes ou cracher sur les valeurs culturelles et coutumières qui régissent notre société. « Ce qui m’anime, c’est l’humain, c’est la vie et surtout la nature dans toute sa diversité », confia-t-il.

Tableau d’un léopard. ©️ Tableau de Bolton Art (avec son accord)

Depuis ses débuts, il est tombé sous un charme intemporel du noir et blanc. Il a opté pour les deux nuances, car pour peu que l’on se replonge dans l’histoire de la création de l’humanité, tout était noir. Ce qui laisse entendre que le noir est le début de toute création. Avant de créer la lumière, Dieu vivait dans le noir. Il en va de même pour l’homme qui, avant de venir au monde, passe 9 mois dans l’obscurité du ventre de sa mère. Pour ainsi dire, dans le noir. De tels exemples sont légion.


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Personne n’ignore que les grands hommes ayant accompli de grandes choses pour faire progresser l’humanité sortent de l’ombre avant de montrer leurs réalisations au grand jour. Il estime qu’à partir de ces deux nuances, on peut accomplir de grandes choses en matière d’art. À ses yeux, « le noir est comme une couleur sacrée », martèle-t-il.

« Toute œuvre d’art est une idée qu’on exagère »

Bolton avoue être fasciné par les animaux de par leurs beautés captivantes, leur innocence naturelle et leur intelligence énigmatique, car elle n’est pas perçue par tous. À l’en croire, ce sont également des espèces en danger. « Faute du réchauffement climatique, les choses s’aggravent. Et si nous ne prenons pas conscience face à ce qui se passe, alors les générations d’après n’auront pas la chance d’en voir. Ce sont des espèces en voie d’extinction », explique-t-il.

Tableau d’un rhinocéros . ©️ Tableau de Bolton Art (avec son accord)

Comme tout homme du monde, Bolton se doit de gagner sa vie et l’art ne suffit pas. Avec son bac en commercial administratif accompagné d’une licence en computer science, il est en même temps photographe, vidéaste et travaille dans le monde humanitaire. En matière d’art, Léonard de Vinci est son idole. Et son rêve le plus cher est de conquérir le monde à travers l’art. 


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On peut, sans risque de se tromper, affirmer que Bolton Art n’a pas fini de parler de lui en vertu de son talent et continue son bout de chemin avec optimisme dans son avenir en tant qu’artiste à part entière. Une phrase qui résume le mieux le fond de ses pensées ? « Toute œuvre d’art est une idée qu’on exagère ».

Tableau d’un cheval. ©️ Tableau de Bolton Art (avec son accord)
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RDC : WKI Sarlu s’est lancé le défi de révolutionner le secteur de l’agribusiness

À Goma, au pied du volcan Nyiragongo, Ir Tshibumbu Tambu Lorenzo, phytotechnicien et ancien acteur dans le monde humanitaire reconverti en entrepreneur, s’est lancé le défi d’apporter une touche novatrice dans le secteur de l’agribusiness en centrant ses stratégies sur la pisciculture intensive dans des bacs-hors-sol et dans des cages flottantes sur les eaux. Il fait cela à travers de Wa Kuchimabwe Initiatives (WKI Sarlu), il s’agit d’une société spécialisée dans les aspects liés à l’aquaculture.

Un pas de géant dans le vide

Épris par un esprit d’humanisme et un réflexe entrepreneurial, Ir Lorenzo a vite remarqué un besoin à combler dans le cadre de la lutte pour la sécurité alimentaire en rendant les poissons accessibles à toutes les couches de la société. C’est également un secteur très rentable en dépit du climat des affaires moins favorables aux entrepreneurs en République Démocratique du Congo.

Malgré le doute et des contraintes financières, il n’a ménagé aucun effort pour la mise en œuvre de son projet. Dès le départ, il avait décidé de s’investir corps et âme dans cette idée qu’il nourrissait au fil du temps. À ce jour, WKI Sarlu est présent dans une autre contrée du pays et ne compte pas s’arrêter là.

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« En termes de répartition géographique, les amis de Mbujimayi peuvent se rendre au boulevard Kashama. C’est d’ailleurs là que se trouve notre siège. Toutefois, Goma est l’endroit où se passe la production en ce qui concerne les closeries. Quant à l’exploitation nous projetons d’être aussi à Kalemi. Sur le lac Tanganyika et au niveau de la berge il y a des endroits que nous allons exploiter », a déclaré l’ingénieur phytotechnicien.

Une vue sur des bacs-hors-sol en maçonnerie. ©️Yenga Fazili wã BIREGEYA

Le chemin reste encore long

Il poursuit en indiquant que Wa Kuchimabwe Initiatives est en train de peaufiner ses techniques en écloserie afin de produire d’eux-mêmes des alevins localement. Et concernant la phase expérimentale, les alevins et les tilapias ont été achetés à Lusaka, en Zambie. Les premières souches des clarias communément appelées kabambale sont provenus de l’Ouganda.

« Nous avons déjà des géniteurs pour les clarias. L’écloserie d’œufs de poissons est déjà en notre possession mais nous avons un souci lié à l’électricité. Tout de même, nous avons déjà importé une forte cargaison d’intrants. Des bacs-hors-sol et des cages flottantes qui sont déjà à la douane en RD Congo. Notre écloserie d’œufs à poissons est capable de produire 120 000 alevins. L’idée c’est d’ensemencer plusieurs sites », a-t-il laissé entendre.

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Il n’a pas manqué de déplorer le fait que, contrairement à d’autres pays du monde, dans le secteur entrepreneurial en RDC, les banques et d’autres structures n’appuient pas les projets en phase de démarrage. « Il faut que tu réussisses. Ils préfèrent minimiser les risques. Ils vont vouloir t’appuyer après ta réussite », a-t-il déploré, non sans regret.

Une vue rapprochée de l’incubateur d’oeufs ©️ Yenga Fazili wã BIREGEYA

Un appel aux potentiels investisseurs 

Le manque d’accompagnement des structures étatiques affecte également le climat des affaires au pays de Lumumba. C’est pour ça que les entrepreneurs visionnaires doivent mettre des stratégies en place pour s’autofinancer afin de lancer leurs projets. C’est dans ce cadre que Wa Kuchimabwe Initiatives a, malgré certaines démarches administratives, été créée avec un capital d’investissement de 5 000 dollars US.

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Il est à noter que le marché est vaste et il est stratégiquement nécessaire de miser sur la compétitivité en allouant plus de fonds dans l’agriculture et ses différentes chaînes de valeur. Dans cette optique, Ir Lorenzo a convié aux potentiels investisseurs et d’autres partenaires à se joindre à lui afin d’élargir cette initiative.

Ir Lorenzo devant sa cage à provenderie pour la production des aliments. ©️ Yenga Fazili wã BIREGEYA

« À un certain moment, on est bloqué. Il faudrait qu’on puisse s’associer à d’autres personnes qui poursuivent ou aspirent à faire la même activité que nous et animé par l’esprit entrepreneurial à se joindre à nous. J’ai la foi qu’on va ensemble mener à bien ce projet. Compte tenu de mon background et des différentes formations que j’essaie de faire et sachant que je ne suis pas le seul. Il y a des gens qui sont plus avancés que moi à Goma et même à travers le pays. Je ne manquerai pas, par humilité, d’aller vers eux pour apprendre ce qui me manque ».

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Tamu Mazama, l’étoile montante de la musique afrocentrique 

Femme aux multiples facettes, Tamu Mazama est une chanteuse africaine d’origine guadeloupéenne, écrivaine, fervente militante afrocentrique et par-dessus tout polyglotte. À peine 20 ans d’existence mais elle brise d’ores et déjà les codes dans un monde en perte de sens en prônant, corps et âme, l’émancipation de l’Afrique sous toutes ses formes. Kama –ancienne appellation de l’Afrique – est et reste, à ses yeux, la terre mère qui ne l’a pas vue naître mais qu’elle porte dans son cœur. Entre vérités poignantes et modestie, elle s’est, à cœur ouvert, livrée dans nos colonnes à travers une interview exclusive.

Comment tu t’es retrouvée dans l’univers de la musique ?

Tamu Mazama : Depuis mes six ans, j’ai toujours aimé chanter. C’était ma manière de m’exprimer, de faire ressentir des émotions aux gens. Des émotions que je n’arrivais pas forcément à exprimer par la parole. Et quand j’étais petite, ma mère me laissait chanter lors de ses conférences. Mais c’est en 2020 que, faute du covid, je me suis installée en Guadeloupe et c’est de là que j’ai découvert ma voie. La Guadeloupe m’a permis de me redécouvrir. Et c’est dès lors que j’ai commencé à chanter en tant que professionnelle dans Racine groupe. Les frères Jean-Marie, artistes de renom en Guadeloupe, m’ont encadré et c’est là que tout a commencé. 

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D’où t’es venu la passion pour l’écriture musicale et littéraire.

J’avais commencé à écrire des poèmes quand j’avais 6 ou 7 ans, pour exprimer mes émotions et ce qui se passait dans ma tête. C’était aussi une façon de parler des ressentis des autres. Quand j’avais 12 ou 13 ans, je me suis lancée dans l’écriture de la fiction et des textes beaucoup plus développés. Mon premier roman je l’ai commencé à 14 ans : Seventeen dry seasons.

Le 1/4 de couverture de ce livre sur Amazon.

Tu as déjà écrit et coécrit différents livres, lequel pourrais-tu suggérer un ?

C’est vrai que j’ai quatre livres parmi lesquels deux m’appartiennent et deux autres que j’ai coécrits. À mon avis, c’est difficile pour moi de suggérer un livre à quelqu’un parce que chaque livre que j’ai écrit ou dans lequel j’ai participé véhicule un message différent. Chaque livre a une expression particulière et j’ai une connexion différente avec chaque œuvre. Tout de même, je pourrais conseiller Seventeen dry seasons, mon premier livre et KAMA, mon livre sorti il y a peu de temps. C’est celui où l’on perçoit ma maturité en tant qu’écrivaine en dépit de mon jeune âge. 

Le clip de la chanson IMANI.

À quel moment de ton existence, tu t’es sentie prête à te lancer dans la quête de l’émancipation de l’Afrique et de ses diasporas disséminées à travers le monde ?

J’ai grandi dans une famille afrocentrique dans laquelle on m’a appris mon histoire. Une histoire vraie qui n’était pas réduit à la colonisation et l’esclavage. Et j’ai toujours grandi avec cet amour profond, cette fierté pour mon peuple et ce désir de le voir aller de l’avant. J’ai toujours eu ça depuis toute petite. D’ailleurs avant même la musique, j’organisais des évènements au profit des jeunes de mon âge dans le cadre d’échanger sur des sujets pertinents liés à notre culture. 

Ta mère, Ama Mazama, a-t-elle joué un quelconque rôle dans ton idéologie afrocentrique ?

Au fait, je sais que grâce à l’afrocentricité, ma mère a joué un grand rôle dans ma vision du monde, comment je me sens dans ce monde. En plus son message n’a pas touchée que moi mais son influence a atteint beaucoup de gens dévoués à faire un retour aux sources.

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Pourquoi la spiritualité et le mysticisme sont quasi-omniprésents dans tes écrits ?

La spiritualité africaine joue un très grand rôle parce que je suis influencée par ma culture.  Celle qu’on trouve dans la diaspora avec nos différents rythmes, nos différentes traditions que l’on peut retracer jusqu’en Afrique. Dans beaucoup de mes œuvres et de mes textes, je dresse l’importance de notre connexion avec la nature. Comme elle nous donne beaucoup de choses, nous devons aussi la respecter. Je suis influencé par les forces de la nature qui nous servent de guide. 

À l’Université, qu’est-ce qui t’avait incité à t’inscrire en africologie ? 

Faire des études d’africologie est un rêve réalisé. Je ne me voyais pas faire autre chose. Il faut noter que le département d’africologie date des années quatre-vingt parce que les Noirs américains n’en pouvaient plus de recevoir des mensonges comme enseignements. Ils voulaient apprendre leur véritable histoire loin de l’esclavage et de la colonisation. Ils se sont alors battus pour avoir ce département. Être dans cette filière est comme une mission pour moi afin de poursuivre ce que mes ancêtres avaient commencé. C’est énorme à mes yeux. 

Tamu Mazama Prestation Fête de Sainte-Rose Guadeloupe Août 2023

Tu es née aux États-Unis, as grandi en Guadeloupe et, à ce qu’il paraît, t’as déjà visité 37 pays dans le monde. Cependant, si c’était à refaire : souhaiterais-tu naître en Afrique ?

Très bonne question. Il est vrai que ça aurait été mieux d’être née en Afrique et tout mais je précise toujours que l’Afrique est née en moi et à la fin de la journée c’est ce qui compte vraiment. Je porte l’Afrique en moi : je la protège, je garde ses cultures et ses traditions. Ce qui m’anime c’est d’aider les autres en les accompagnant à retrouver cette flamme africaine en eux. 

Imani est ta nouvelle chanson qui fait sensation ce dernier temps, en feat avec Bled Miki. Quel est le message fort à retenir et pourquoi le titre est-il en kiswahili ?

La chanson IMANI a plusieurs significations. En kiswahili, ça signifie la foi mais également c’est l’un de sept symboles de KWANZA, une fête panafricaine. C’est un symbole qui nous rappelle d’avoir foi en nous-mêmes et en nos cultures. Avec Bled Miki, on voulait transmettre ce message aux Africains et à ses diasporas. La chanson parle d’une reine Kongo qui se renoue avec sa ses traditions et ses rites.

Quelle est la phrase qui résume dans les grandes lignes ta philosophie de vie ?

« L’unité est notre but et la victoire notre destinée. »

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RDC : Ubuntu Panafrika célèbre la femme africaine à travers le spectacle « Jasiri  » à Goma 

Au cours d’une symbiose mêlant danse traditionnelle, slam et exposition des œuvres d’art à Goma, ville située au pied du volcan Nyiragongo dans l’est de la République Démocratique du Congo, s’est tenu, ce dimanche 07 avril 2024, le spectacle « Jasiri  » porté par l’association sans but lucratif Ubuntu Panafrika à travers son incubateur « Sauti ya Ubuntu, Sauti ya mababu ». Cette exploration artistique célébrant la richesse et la diversité des femmes africaines a eu lieu sous le thème : « Femme dans la tradition africaine ». 

Une ode à la femme africaine

Depuis la nuit des temps, la femme africaine avait une place de choix dans la société. Cependant, la rencontre des africains avec d’autres cultures du monde a, au fil des siècles, influencé négativement la conception de la femme tendant à la réduire à son expression la plus simple. 

Lors du mot de circonstance de l’administrateur de Ubuntu Panfrika.

« Je sais, selon les analyses, que la femme dans les temps anciens était le pilier de la société, celle sur qui compter. Contrairement à ce qui s’observe de nos jours. La femme ne se reconnaît plus, elle s’est perdue dans des illusions. J’estime que, la femme africaine se doit, contre toute attente, de retrouver sa grandeur en redevenant la mère de l’humanité », a laissé entendre Gato Ndikumana à l’issue de la performance artistique. 

Un groupe de jeune entrain de prester une danse traditionnelle

Dans cette optique, ce spectacle s’inscrit donc dans le cadre de rendre hommage à la femme africaine d’hier pour que celle d’aujourd’hui puisse s’abreuver à sa source afin de se forger une ligne de conduite qui correspond à sa grandeur d’âme. À la même occasion, mettre sur pieds des bases solides qui forgeront la femme africaine de demain. Après s’être réconciliée avec son passé, elle pourra donc prendre conscience en assumant ce qu’elle est, ce qu’elle était et, par-dessus tout, le rôle qu’elle se doit de jouer dans la lutte pour l’émancipation de l’Afrique et des africains

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Le vent du changement a soufflé

À l’issue du spectacle, les participantes et participants ont pris conscience du rôle que jouait et doit continuer de jouer la femme africaine dans la société en dépit des stéréotypes qui perdurent dans les mentalités des hommes dans un monde qui prône le patriarcat comme unique modèle de société. 

Mapendo Bandu lors de la prestation de son titre dénommé héroïne.

« À l’époque, les femmes étaient respectueuses, courageuses et s’accrochaient à leurs valeurs. De nos jours, les femmes se sont modernisées et ont perdu leurs valeurs, leurs caractères féminins qui font à ce qu’elles soient moins respectées qu’avant  », a signifié Mapendo Bandu. Elle a poursuivit ses propos en formulant le vœu de voir la femme africaine d’aujourd’hui incarner celle de l’époque afin de recouvrer sa place dans cette société en perte de repère. 

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Pour sa part, Nakija Nibumba, actrice dessinatrice ayant fait l’exposition d’une œuvre d’art montrant une maman africaine assise en pagne entrain d’allaiter son bébé, ce spectacle l’aurait permis de se (re) découvrir en tant que femme. Son œuvre transmet le message selon lequel la femme est au centre de tout dans l’univers. 

Présentation d’une œuvre d’art conçue et dessinée par Nakija Nibumba.

« Ce que j’ai voulu transmettre aux gens, c’est la place qu’occupe une femme dans notre société. Mais également démontrer que la femme est non seulement le pilier de tout mais aussi le centre même de ce qui nous entoure sur le plan éducatif, matériel, intellectuel et surtout spirituel  », a-t-elle fait savoir. 

Il convient de préciser que « Jasiri  » se traduit du français par « vaillant  ».


RDC-Goma : Festival Mazingira, Ras Tafari lance un message fort

À l’occasion du festival Mazingira ténu à Goma, Est de la République Démocratique du Congo, Ras Tafari, pépite du slam congolais, a fait une performance artistique hors normes grâce à la teneur de ses mots qui s’accordent avec sa voix exquise. Ce grand messe de l’environnement s’étendant sur deux jours, soit du 23 au 24 mars 2024, a eu lieu sous le thème : « Ensemble, agissons pour la protection de l’environnement ».

« Un arbre suffit pour sauver des milliards de vies »

Lors de sa performance, Ras Tafari n’a pas manqué d’appeler les participantes et participants à s’approprier la logique prônée par le festival en plantant au moins un arbre chacun. Le but étant de protéger la planète face aux changements climatiques qui la secoue. Nul n’est sans ignorer les retombés néfastes découlant du changement climatique et qui affectent le bien-être de la planète.

©️ DanikPrihodko via Pixabay

« Un arbre suffit pour sauver des milliards de vies. Le concept Ubuntu nous appelle à l’amour envers nos proches et envers l’humanité tout entière. Il nous pousse aussi à protéger la terre, notre maison commune. La terre c’est la vie. Si nous ne la protégeons pas alors nous allons tous disparaître. Plantons les arbres. Si on ne le fait pas pour nous alors faisons-le pour notre progéniture et pour nos ancêtres qui ont su protéger la nature », a-t-il déclaré.

La communauté internationale appelée à s’impliquer

©️ Pexels via Pixabay

Par la même occasion, il a également indiqué qu’il ne pouvait pas sortir de la scène sans pour autant pointer du doigt ces massacres qui sévissent l’est de la RD Congo depuis des lustres sans inquiéter la communauté internationale.

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« Je ne pouvais pas quitter la scène sans dénoncer cette guerre, ce génocide qui ne dit pas son nom et qui se fait sous le regard impuissant de la communauté internationale. Ceci étant, je lance ce message à toutes ces femmes et filles violées, à tous ces enfants massacrés et sans oublier tous les déplacés dans les camps », a-t-il fait savoir. « Ce festival, au-delà de protéger la nature, se veut aussi un festival de cohabitation pacifique et qui dit non à la guerre qui se passe à l’Est du pays », martèle-t-il.

©️ Activedia Pixabay

Il sied de noter que le festival Mazingira est une initiative de la fédération des comités des pêcheurs individuels du lac Édouard (FECOPEILE) et ses partenaires. Il s’agit d’un rendez-vous annuel des jeunes, des acteurs et des communautés riveraines qui se rassemblent en passant par des conférences d’échanges, activités parascolaires, reboisement, initiation à l’entrepreneuriat vert, musiques, danses et bien d’autres activités.

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Ce festival s’inscrit dans l’optique de « susciter la cohésion sociale entre jeunes, communautés locales et leur environnement naturel ; la promotion de la protection des aires protégées et des ressources halieutiques du lac Edouard aux profits de générations présentes et futures et un mécanisme qui doit rapprocher les gestionnaires avec les communautés riveraines et les autres acteurs », ont rapporté les organisateurs dudit festival.


Unité africaine : Mise en onde de la radio Ubuntu-fm à Goma

C’est sans surprise que Ubuntu Panafrica a, ce dimanche 1 er août 2023, procédé à la mise en onde d’une station radiophonique dénommée Ubuntu-fm. Ce média panafricain s’aligne dans une logique d’être la voix de l’unité africaine. Il s’agit d’une structure médiatique basée à Goma, ville touristique située à l’est de la République Démocratique du Congo, prônant la réappropriation spirituelle, intellectuelle et culturelle de l’identité africaine —au sens coutumier du terme.

Crédit : Ubuntu Panafrika

Un rituel ancestral comme symbole d’hommage aux ancêtres

Comme on le sait, il est de coutume dans la culture africaine, que l’ouverture d’une cérémonie de grande envergure débute par un rituel sacrificiel. La mise en onde de la station radiophonique Ubuntu-fm n’a pas fait exception. D’entrée de jeu, les organisateurs de l’évènement se sont assurés qu’une chèvre soit égorgée. Ce geste reflète un symbole de reconnaissance aux esprits-maîtres qui ont précédé les vivants dans le monde spirituel.

Credit : Ubuntu Panafrika

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Durant ce temps de communion profonde avec les ancêtres, plusieurs prières d’intercessions en langues locales ont été prononcées et n’ont pas manqué de faire sensation dans les esprits des participants en leur dôtant d’une énergie débordante.


Un appel a été lancé aux volontaires désirant rendre hommage à leurs êtres chers qui ne sont plus de ce monde, de participer au rituel. Une force ancestrale a abrité les élus en les incitant, les uns après les autres, à faire une libation tout en lançant un appel à leurs ancêtres sans manquer de faire une référence à leur arbre généalogique qui constitue une voie vers l’essence des origines de chaque être humain.

Crédit : Ubuntu Panafrika

Une visite guidée des installations suivie du partage d’un verre

Lors de sa prise de parole, le représentant de Ubuntu Panafrica, en la personne de Bafilemba wa KALIRE a passé en revue les raisons qui ont poussé l’association à vouloir se doter d’une station radiophonique. À l’en croire :

« cette radio traduit une voie par laquelle les voix des Africains convaincants et convaincus doivent se faire entendre pour pousser les Africains à réfléchir sur comment atteindre l’émancipation de l’Afrique sous toutes ses formes ».

Crédit : Ubuntu Panafrika

Poursuivant son allocution, Mzee Bafilemba wa KALIRE a ouvert une séance portant sur une visite guidée précédemment annoncée par Lubunga LWANGO, administrateur de Ubuntu Panafrica. Des groupes composés de cinq personnes ont fait la visite des locaux de la station pour qu’ils puissent voir d’eux-mêmes à quel point l’association s’investit corps et âme pour porter haut le flambeau de sa lutte.


Après la visite des installations, un partage d’un verre s’en est suivi ainsi qu’un repas traduisant le sens du partage et par-dessus tout un engagement communautaire comme vecteur de l’idéologie UBUNTU (j’existe parce que tu existes).

Crédit : Ubuntu Panafrika

Ubuntu-fm : un vecteur de la pensée africaine

Dans sa quête de briser le voile des idéologies erronées ancrées dans les esprits du peuple africain incorporées dans la société africaine par les religions abrahamiques, Ubuntu Panafrica lance cette chaîne radiophonique pour mettre à la portée des Africains, une série d’émissions à même de les pousser à réfléchir sérieusement sur leur existence en tant qu’être humain outillé des connaissances approfondies pour faire face aux enjeux du moment.

Des performances artistiques réalisées par des artistes truffés de talent

Des talents inattendus ont téléporté la foule dans une autre dimension par la dance accompagnée des mots qui imposent une réflexion intense axée sur la renaissance africaine. En vedette de la soirée, l’artiste slameur Ras Tafari a emporté le public vers d’autres rives avec l’interprétation de sa chanson phare JE VÉNÈRE. Dans la même foulée, Racelue ( la race élue ), une femme à fleur de l’âge et dotée d’un talent qui défie l’imagination, a fait bouger même les âmes les plus calmes par son morceau fascinant BOOM BOOM, avant que Roky koko enchaîne avec son titre dénommé OUI avec la même dose de talent. La dernière performance artistique a été assurée par Kikandi avec l’interprétation d’un tube révélateur appelé FEMME PERDUE.

Crédit : Ubuntu Panafrika

Pour couronner le tout, il sied de noter que les participants ont formulé les vœux de voir Ubuntu-fm permettre à la PENSÉE KAMITE de monter au créneau en domptant les esprits du peuple africain pour qu’ils assument et comprennent une fois pour toutes la raison d’entreprendre une quête identitaire et réfléchissent enfin de compte sur les sentiers à emprunter pour qu’ils redeviennent les maîtres du monde.


Ras Tafari téléporte la foule lors du Festival du Rap et du Slam

Dans un tour de magie musicale, l’étoile montante du slam et du rap, Ras Tafari a enflammé la foule par des mots qui téléportent les esprits vers d’autres rives lors de la deuxième édition du Festival du Rap et du Slam qui s’est ténu dans la ville de Bukavu, Est de la République Démocratique du Congo. Le souffle de l’inattendu a fait qu’il partage la même scène que la légende du rap français La fouine et bien d’autres grandes figures de la musique congolaise.

Son art monte au créneau

Accueilli sur la scène du FESTIRAS par une ovation chaleureuse, Ras Tafari a bercé la foule par des mélodies envoûtantes et une énergie débordante. Faisant usage d’un charisme imposant. Il a interprété ses plus grands succès, entre autres : lobotomie, moyindo. Il a partagé des moments d’émotions, preuve même d’un attachement profond à son public. La fusion des mélodies traditionnelles et contemporaines a créée une ambiance qui défi la tendance, connectant les mélomanes à leur héritage culturel.

Une vue sur le public lors de la performance artistique de Ras Tafari.
Crédit photos : FESTIRAS

Un message d’espoir dans un océan de problèmes

Transporté dans un tourbillon des sonorités captivantes, le public a gardé une oreille attentive face à la teneur des paroles du rappeur-slameur. Ras tafari en a profité pour transmettre un message de résilience, paix et cohabitation pacifique. Conscient des tensions tribales qui secouent le kivu, résultant des conflits armés sévissant dans l’Est de la République Démocratique du Congo depuis des lustres.

Un extrait de la performance artistique de Ras Tafari interprétant le titre LOBOTOMIE lors du FESTIRAS.

Un artiste engagé

Avec une épée sur la langue, Ras Tafari ne se voile pas la face lors de ses prises de paroles. Il se dit artiste engagé et soutient que sa lutte majeure est de prôner la réappropriation culturelle des valeurs ancestrales africaines résumées dans la MAÂT. Ses textes, qui poussent toujours à réfléchir, véhiculent un message d’appel à une prise de conscience et invitent les jeunes esprits à cultiver le sens du doute et de l’analyse critique.





Un petit extrait tiré du lyric de l’une des chansons de Ras Tafari.

Issu d’une génération au sein de laquelle on fait la rencontre de ceux qui se disent musiciens à chaque coin de rue, Ras Tafari est décidé de faire tout ce qui est humainement possible pour se frayer un chemin dans le roc en se faisant une place de choix dans l’univers artistique de sa ville natale ( Goma ), de son pays et pourquoi pas du monde.

Ras Tafari lors de son concert dénommé MWINDA. Crédit Photos : COBRA.

Par cette performance mémorable, Ras Tafari a laissé son empreinte dans les mémoires des mélomanes de Bukavu, ville qui a abrité la deuxième édition du Festival du Rap et du Slam (FESTIRAS). L’histoire retiendra qu’il a partagé le même podium avec des icônes de la scène musicale internationale telles que : La fouine, Yekima, Bolivar M’vulu, MPR (collectif de deux rappeurs kinois truffés de talent)…

Chapeau bas à l’artiste et bon vent dans la suite de sa carrière qui s’annonce grandiose.


Kimpa Vita, la lueur d’une ombre

À une époque où le mysticisme battait encore son plein en Afrique, une femme a défié le sort : Kimpa Vita. Dotée d’une nature mystique, elle a vécu aux alentours des années 1684-1706 et s’est révélée être une prophétesse accomplie, reconnue par l’histoire comme la mère de la renaissance africaine. Cet article vous emmène dans un voyage à travers le temps, plongeant au cœur des événements pour retracer l’histoire poignante d’une femme qui est restée méconnue pour certains et mal connue pour d’autres. Voici une fresque de son épopée.

Une femme qui a défiée la mort
Une création artistique d’un adepte du mouvement éveil spirituel négro-africain VU.VA.MU

Une fille ordinaire vouée à un destin extraordinaire

Liée à l’histoire du royaume Kongo où elle vit le jour, Kimpa Vita (dont le nom signifie « instrument de guerre ») ressent dès son jeune âge une profonde consternation face aux coups du sort qui s’abattent sur son peuple. Consciente de la nécessité de réagir au chaos qui mine le royaume, elle s’incarne en phare de lumière pour éclairer les esprits et leur faire entendre à la raison. Comment tout cela a-t-il commencé ? Née dans une famille noble du royaume Kongo* entre 1684 et 1686, rien ne semblait prédestiner cette jeune femme à devenir le symbole de la révolution.

*Le royaume du Kongo, situé dans ce qui correspond aujourd’hui aux territoires du nord de l’Angola (y compris le Cabinda), du sud de la république du Congo, de l’extrémité occidentale de la république démocratique du Congo et du Sud-ouest du Gabon, était à la fois un royaume et un empire d’Afrique centrale.

La véritable Histoire de Yaya VITA KIMPA [1685-1706] : Livre Audio Complet

Elle fut baptisée alors qu’elle était encore très jeune, sous le nom de Dona Beatriz. À cette époque, la majorité du peuple Kongo était déjà de confession catholique, grâce à l’arrivée des missionnaires portugais en 1491. Usant de stratégies bien concoctées, ils étaient même parvenus à baptiser le roi lui-même, le poussant à abandonner son nom Nzinga a Nkuvu au profit du nom du roi portugais Jean Ier. Cet événement marqua un tournant irréversible, et la guerre était déjà perdue d’avance, car il n’y avait aucune réciprocité. Le mal était fait. Selon la logique spirituelle, en prenant le nom du roi portugais, celui-ci aurait dû faire de même en s’appelant Nzinga a Nkuvu à son tour. Pour ceux qui l’ignorent, Nzinga a Nkuvu se traduit en français par « la corde qui tient le pouvoir« . Le nom de chaque être vivant émet des vibrations qui s’harmonisent avec la nature… Mais bon ! Ce sujet sera abordé dans un autre article à l’avenir.

Sachant que le Kongo était d’ores et déjà affaibli, les portugais ôtent les masques et enveniment les relations avec le royaume Kongo. Il s’en est suivi le commerce des esclaves et l’affaiblissement du pouvoir en place. C’est dans ce contexte assombrit par des conflits que Kimpa Vita grandit.

Le portrait de Kimpa Vita le plus populaire.
Crédit : Wikimedia Commons

Elle revient d’entre les morts

À peine adolescente, Kimpa Vita est assaillie par une série de visions, éveillant sa curiosité grandissante pour tout ce qui concerne la spiritualité. Rapidement, les gens commencent à la considérer comme une « nganga marinda » (une sorte de médium), capable de servir d’intermédiaire entre le monde des hommes et celui des esprits. Sa force de caractère et sa différence par rapport aux autres filles de son âge conduisent à son initiation au culte kimpasi, une secte pratiquant l’exorcisme.

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D’après de nombreux écrits, on raconte que Kimpa Vita fut frappée par la mort et qu’elle se rendit dans le monde des esprits pour y être investie d’une mission. Trois jours s’écoulèrent, et dans un désespoir profond, on se prépara à son enterrement. Cependant, à la grande surprise de tous, elle revint miraculeusement d’entre les morts. Personne ne pouvait en croire ses yeux. Kimpa Vita commença alors à enseigner à tous ceux présents lors de ses funérailles. Une fois rentrés chez eux, ils répandirent la nouvelle d’une femme qui avait été morte puis, par une force inexpliquée, ressuscitée d’entre les morts trois jours plus tard.

Ne Kunda Nlaba nous présente son film « Kimpa Vita, la Mère de la Révolution Africaine ».

Poussés par la curiosité, les gens se rassemblaient pour écouter le message de celle qui avait défié la mort. Peu après, un vent d’éveil souffla sur le Kongo. Dotée d’une nature mystique, dès l’âge de 20 ans, Kimpa Vita commença à prêcher, associant son salut personnel au salut de tout le royaume. Les conseils de son père se résumaient en ces mots forts de sens :

« Les morts, l’histoire des ancêtres éclaire la conscience des vivants et illumine le chemin qui mène à la liberté. »

Kimpa Vita : Une résistante kongo, Henri Pemot
Une statue érigée à son honneur en Angola.
Crédit : Wikimedia Commons

Sa mission de vie

Elle s’efforça de perfectionner son propre enseignement, en interprétant les dogmes chrétiens avec ses propres arguments. Les foules, provenant aussi bien de la bourgeoisie que du peuple, se mobilisèrent et se rallièrent à la prophétesse pour faire entendre son message dans tout le royaume. Elle établit ainsi son propre courant religieux et politique, connu sous le nom de mouvement antonianiste. Ce mouvement syncrétique cherchait à marier la spiritualité kongo et la religion catholique. Les récits rapportent qu’en quelques mois seulement, plus de 80 000 adeptes s’étaient déjà ralliés à sa cause. Sa popularité croissante suscitait des inquiétudes parmi les prêtres capucins.

« Cette ascension rapide s’explique par la certitude, largement partagée, que le Dieu chrétien répond enfin à la longue attente angoissée des gens de Kongo »

Georges Balandier

Brûlée vive le 02 juillet 1706

En défiant continuellement les clergés en place et en révélant sa propre vérité, elle se retrouva dans le viseur de l’Église catholique, devenue une menace potentielle à éliminer avant qu’elle ne rallie tout le royaume à sa cause. Jugée à tort et accusée d’hérésie par les missionnaires capucins, le 2 juillet 1706, sous les ordres des hommes sans foi ni loi, les Pères Lorenzo da Lucca et Bernardo da Gallo, elle fut brûlée vive avec son nourrisson attaché sur le dos, sur un bûcher ardent, après avoir subi de multiples séances de torture. Malgré la souffrance atroce, elle accepta de subir le martyre tout en refusant catégoriquement de renoncer à la lutte à laquelle elle s’était investie corps et âme, espérant ainsi montrer la voie à son peuple. Dans un courage inébranlable, même submergée par une douleur insoutenable, elle continua à s’exprimer avec le même franc-parler qu’auparavant :

« L’Étoile de la Promesse est descendue sur le Kongo ! C’est ainsi que les gens qui étaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière. Ceux qui étaient plongés dans le mensonge ont trouvé la vérité sur dans la Mystique Kongo. Ceux qui étaient esclaves de la peur sont devenus de vaillants soldats. C’est la raison pour laquelle les ennemis du Kongo ont peur ! Oui, les ennemis du peuple Kongo tremblent de peur parce que les brebis du Kongo se sont transformées en lions en vue de la guerre pour la libération du Kongo... »

Précision de taille : le passage du temps n’a en rien réussi à effacer son empreinte des esprits des vivants, car son souffle prophétique continue d’inspirer, même à l’instant précis où j’écris ces lignes, femmes et hommes à travers l’Afrique et le monde.

Mes articles


Les congolais ont la mémoire courte

C’est avec un sentiment mêlant joie et regret que la RDC souffle sur son 63 ème bougie ce 30 juin 2023. Mais, à tout scruter de près on se rend tout de suite compte que : les congolais ont la mémoire courte. La commémoration de l’indépendance ne devrait pas se limiter à la musique accompagnée des boissons alcoolisées. Ça devrait, par voie de logique, être une journée de remise en cause. Pour réfléchir sur d’où l’on vient, où nous en sommes et qu’est-ce qu’il conviendrait de faire afin d’espérer que les choses s’améliorent. Tout le contraire se résume à cracher sur le sacrifice de nos aïeux qui s’étaient donnés corps et âme pour que nous ayons ce semblant de liberté.

C’est resté ancré dans les annales de l’histoire

Un petit regard lancé dans le rétroviseur du passé prouve à outrance que la colonisation est une histoire triste à raconter. Mais qu’on ne saurait changer puisqu’on ne peut pas remonter le temps. Le mal est fait. Les séquelles qu’elle a engendrées traversent les époques et créent des débats sans issues. Ces palabres n’apportent aucune solution concrète.

CONGO VIE – « De la Colonisation à l’Indépendance »

Ce qui conduit à se poser la question de savoir s’il ne serait pas grand temps de changer de paradigme ? Surtout pour le Congo et dans la foulée les autres pays africains. Se sortir du paradigme d’un peuple qui ne fait que se plaindre à tout moment. En adoptant un tout autre paradigme : celui d’un peuple qui accepte le poids de son lourd passé. Se guérit par la résilience. Réfléchit sur un modèle de développement qui lui correspond et lui convient. Et par après, fait tout ce qui est humainement possible afin de se frayer un chemin en se faisant une place de choix dans le monde.

Le respect ne se demande pas : il s’impose.

Des propos historiques

Le discours historique de Patrice LUMUMBA prononcé lors de la cérémonie de l’Indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960 a marqué les esprits et a résisté à toutes les tempêtes. À tel point qu’on l’entend encore à ce jour sur toutes les lèvres. Des propos foudroyants et qui ne laissent personne indifférent. Même les enfants qui apprennent à peine à parler maîtrisent certaines de ses phrases par cœur. À juste titre : c’est sont des mots qui parlent à l’âme et invitent chaque homme doté de raison à une prise de conscience.

Discours intégral de P. LUMUMBA

En voici quelques extraits :

« A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté (…) une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang (…) une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force (…) Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini (…) ».

Pour rappel, il fut lâchement assassiné une année plus tard ( en 1961 ) soupçonné de flirter avec l’union soviétique. Un crime jusque là impuni et qui a scellé le destin de toute une nation.

63 ans après pour quel bilan ?

Un pays qui possède d’immenses richesses minières mais qui n’a pas encore pu renaître de ses cendres. Se reconstruire plus de six décennies après son indépendance. Cela constitue une preuve notoire d’un manque de leadership et d’idées innovantes. Tout porte à croire que depuis l’autre monde nos ancêtres regardent ce grand Congo et le regret les accablent. Parce que nous sommes encore loin d’être à la hauteur de leurs attentes. Les congolais, malgré toutes les contraintes, ne se sont pas encore mis ensemble. Pour faire émerger des Idées-Forces qui permettraient, un tant soit peu, à la RDC de jouer dans le concert de grandes nations. Sur le plan politique, social et culturel : « en regardant l’état de la RDC il n’y a pas de quoi se réjouir », estime Alain FOKA.

60 ans d’indépendance de la RD Congo : quel bilan politique, social et culturel ?

Soyez congolais et non pas con-au-lait

Des photos des congolaises et congolais entrain de s’arroser par des boissons alcoolisées pullulent sur les réseaux sociaux. Il y a lieu de se demander s’ils ont conscience de la responsabilité dont ils devraient faire preuve. Est-ce le moment ? Chaque chose devrait avoir son temps. Ils préfèrent s’éclater en lieu et place de faire un effort de réflexion afin de réfléchir sur des voies qui sortiraient ce pays de son gouffre. Et pendant ce temps l’Est du pays est toujours sous l’emprise du M23 qui continue de semer terreur et désolation. Mais, le con-au-lait est mieux pour incarner le fameux adage d’un célèbre penseur :

L’enfer c’est les autres.

Jean-Paul Sartre

La plupart se demandent sûrement pourquoi est-ce que j’écris con-au-lait au lieu de congolais. Laisse-moi attiser votre curiosité. Con-au-lait est un terme qui se fait la côte à travers le pays. Utilisé pour se moquer en douce de ces congolais qui pensent à peine au sort du pays. Ils se contentent de s’ambiancer sur de la bonne musique, les femmes et les boissons alcoolisées tout en développant la culture de la mengeocratie (un autre terme populaire).

S’assumer ou se plaindre ?

Sans aucun effort de réflexion, la question est vite répondue : s’assumer. Pourquoi ? On a perdu un temps fou en s’apitoyant sur notre sort et cela n’a rien apporté de concret. C’est le moment de s’assumer et comprendre qu’en ce siècle la vraie lutte est d’abord spirituelle et ensuite économique. Les chinois en sont la preuve. Ils ont subit l’occupation japonaise mais qui avait entendu les chinois se plaindre matin, midi et soir ? Pas à ma connaissance. Ils ont compris le vrai sens de la lutte et se sont lancés à fond. On a qu’à observer où ils en sont à l’heure où l’Afrique continue à exposer son passé sombre comme excuse.

Sur la question de savoir à qui la faute ? Comme tout le monde le sait : d’une part, il y a la faute de la Belgique qui a laissé un État meurtri et construit sur des fondations fragiles. Et d’autres part, il y a l’irresponsabilité des dirigeants congolais. Il s’observe un manque notoire de leadership. La RDC devrait mettre un terme à son attente de réparation. Ses vaines tentatives à vouloir faire un procès au passé faute de cette période douloureuse. Mais plutôt s’activer afin de reprendre tout ce qui lui revient de droit ici et maintenant. Le Congo est le cœur de l’Afrique et se doit d’être un phare de lumière pour le reste du continent.

« Le Congo est grand et exige de nous de la grandeur ».

Patrice LUMUMBA


Ce que la mort m’a pris et m’a appris

À l’occasion de cette date fatidique —05, Juin– tâchée par le départ de mon preux père dans l’autre monde, j’ai pris la peine de briser mon silence et prendre sérieusement le temps de réfléchir à fond sur ce qu’est la mort —au sens propre et au figuré. Espérant dans un sens, appaiser mon âme et mon esprit. Et dans l’autre, éclairer les lanternes de ceux qui ignorent encore le sens caché qui est voilé derrière ce mystère ( la mort). Même si c’est avec des paroles qui frôlent la folie, je suis tout de même parvenu à laisser libre cours à mes pensées sans pour autant perdre le sens logique de mes phrases ni trahir mes convictions les plus profondes.

Un fatalisme qui transcende les cultures

D’entrée de jeux, il sied de préciser à quel point la plupart des gens croient en la mort. D’autres par contre en doutent. Et certains autres estiment qu’elle n’existe pas à proprement parler. C’est loin d’être facile de trancher la question pour savoir qui aurait raison. Toutefois, une question s’impose à ma plume — ou du moins à mon esprit : dans quel rang est-ce que je me range ? Je ne saurais le dire. Ou peut être je n’ai simplement pas envie de me prononcer là dessus pour l’instant. Mais une chose reste certaine : trop des doutes planent autour de ce concept que les philosophes se contentent d’appeler : le plus grand échec existentiel. Et que les poètes espérant apaiser la peine du genre humain l’appellent : l’après-vie.

La famille recueillie autour de la tombe de mon père. Crédit photo : Agano’s Work

Un petit saut dans le passé

De toute ma tendre existence, une date symbolique est restée gravée au fin fond de mon être : le 05.06.2015. Elle symbolise la renaissance de mon père —un homme convaincant et convaincu— dans l’autre monde. Je me rappelle qu’avant cette surprise malencontreuse, je croyais encore que les gens vivaient sans qu’ils ne meurent. Je n’avais, jusqu’à ce temps-là, pris la mort au sérieux. Croire qu’un jour ou l’autre, il me quitterait, ce n’était pas envisageable. Et à dire vrai, je n’y avais jamais pensé. Jusqu’à ce matin-là où, pour moi, tout a changé. Je l’admets : le monde avait arrêté de tourner. Et s’il tournait, c’est qu’au fond de moi, je n’avais plus cette impression là. J’avais, ce jour-là, senti et surtout comprendre la dureté de l’existence.

Tout ce qui avait un sens dans mon monde l’avait perdu en un rien de temps. J’avais dès lors d’autres priorités. Tourner mon esprit vers des idées sérieuses et profondes. Je ne sais pas si je devais vraiment le dire mais je le dis en bonne conscience : je voyais bien des gens fondre en larmes mais, moi je n’avais pas le temps à perdre en s’apitoyant sur mon sort. Je n’ai jamais compris ( et je ne comprendrai sûrement jamais ) pour quelle raison l’on pleure un disparu s’il va dans un monde qui est soi-disant mieux que le nôtre, comme le veut la logique chrétienne. Je ne mesurais guère la tournure que prenaient les évènements.

La famille entrain de partager un verre. Crédit photo : Agano’s Work

Ce que je crois

Plongé dans mon monde, il se peut que je croyais et que je crois encore ( non sans raison ) que les morts continuent de vivre en ce monde. Ce qui me taraudait l’esprit c’était surtout ses derniers mots. Tout ce qu’il me disait sans que je ne comprenne ce qui se passait ou ce qui, dans si peu, devait arriver : l’inévitable. Si c’était à refaire, je lui aurais mieux prêté oreille afin de creuser jusqu’au fond de son raisonnement. Les griots savent lorsque leur départ est proche. Mieux, lorsqu’ils se sentent presqu’au bout du couloir de l’irréparable. De par les mots qui avaient précédés son départ, je le confirme d’emblée qu’il avait l’air de savoir déjà qu’il allait rejoindre nos Ancêtres-Fondateurs dans l’autre monde. Un autre monde mais qui, à proprement dire, n’est autre que ce même monde dans lequel l’on vit.

Une dance mémorable entre mon père et ma mère.

A mon sens, l’homme est sa pensée, et la pensée est l’esprit. Ceci étant, l’homme est un esprit. Et comme personne ne l’ignore : l’esprit est immortel. Ceci pour dire que, si l’homme existe en tant qu’esprit, la mort au sens vrai du mot n’existe pas. Elle n’existerait qu’au sens ivre du terme. Parce que l’homme est toujours là, mais quelque part ailleurs et sous une autre forme. Précision de taille : On ne meurt jamais. La vie, on ne la perd pas. On quitte juste le visible vers l’invisible. C’est quelque chose qui dépasse l’entendement mais je n’ai jamais eu, si mes souvenirs ne me trahissent, les larmes aux yeux à cause du départ de mon père. Mis à part celles qui coulaient au dedans de moi bien sûr. Je me suis longtemps demandé le pourquoi mais, par la force du temps, je crois savoir la raison : je ne crois pas à la mort au sens populaire du terme.

Moi-même entrain de rédiger cet article.

Même s’il n’existe plus, je crois qu’il est (Sachant qu’exister ne pas synonyme d’être et inversement). Comme on nous l’avait laissé croire en philosophie, « la mort est un passage du niveau de l’être, vers un autre niveau de l’être. » Peu importe. Je ne fais pas de la philosophie moi, je pense c’est tout. J’aime à penser que mon père n’est jamais mort. Il n’est plus là, mais il est là. Je le dis en d’autres mots : il n’est plus là car on ne peut pas le voir mais il est là parce-que l’on peut le percevoir autrement. Si on n’en doute pas. J’ai en moi et tout autour de moi, la grandiose impression de sentir sa présence. Il est, on dirait à juste titre, présent-absent et absent-présent. Telle est ma plus profonde conviction. Ce en quoi je crois. Il est cependant vrai que je ne le vois point, pour ne pas me prendre pour un mystique. En revanche, je sens sa présence à chaque pas que je fais. À chaque souffle que je respire.

Un portrait de mon père et ma mère à une certaine époque.

Panser nos peines et guérir grâce à la résilience

À la base, la résilience était un terme très utilisé en physique et en ingénierie employé lorsque l’on prenait un élément et qu’on le déformait, qu’on l’allongait en le transformant mais qu’il reprenait sa forme initiale. À force du temps, le mot a été repris à bon escient par des spécialistes américains de la petite enfance. Dans la foulée, le célèbre psychiatre français Borys Cyrulnik qui, à son tour a repris la même expression en signifiant qu’on n’est pas totalement soumis aux événements qui nous fracassent.

Nous avons, peu importe la situation, un degré de liberté pour comprendre ce qui va nous permettre un autre degré de développement en agissant sur le milieu qui agit sur nous, bien que notre liberté ne soit pas totale. Pour tout dire en quelques mots : la résilience consiste à savoir comment reprendre un autre développement après une certaine agonie psychique en se débattant afin de se mettre dans une position où l’on pourra revivre le moins mal possible. Si l’on en croit les psychiatres

La vie est 20% de ce qui nous arrive et 80% comment vous y réagissez.

Caroline CODSI

PS : la plupart de ces idées émises dans cet article proviennent de mon livre : Une douteuse existence.

Boris Cyrulnik expliquant la théorie de la résilience lors d’une conférence.

Pour ma part, toute ma vie retrouve son plein sens dans la résilience. En ce sens que, je
fais tout ce qui est humainement possible afin de voir tout —ou presque —
en rose même lorsque je traverse des moments plus
sombres. C’est pourquoi je vous invite si vous tenez à votre bien-être (et c’est sur que c’est le cas) de bien vouloir faire de même.

Pour couronner le tout : la mort m’a pris mon père mais m’a appris que ce n’est pas une fin en soi. Que c’est le début d’une autre réalité existentielle. Qu’à partir de là je pourrais afin de compte prendre la vie au sérieux et reprendre ma vie en main. Que par-delà tout, c’était le moment idéal pour me poser sérieusement la question sur ma raison d’être sur cette terre des hommes et comprendre ma mission de vie comme tout autre homme du monde. Nul n’est sans savoir qu’

Il y a en chaque être humain quelque chose d’unique qu’il apporte au monde, et sans lequel le monde ne serait pas complètement ce qu’il est.

Alain Houel